Voila quinze minutes qu'ils se disputaient, deux mois qu'ils se connaissaient, deux mois qu'ils s'étaient vus pour la première fois et qu'ils avaient littéralement craqué sans pour autant se l'avouer. Voila cinq minutes qu'elle pleurait, deux minutes qu'il fumait une clope pour se calmer, vingt minutes qu'il l'avait lâché. « Je sais c'que t'as fait Mona.. » c'était ainsi qu'il avait commencé, elle venait d'arriver dans l'appartement, comme une fleur, toute souriante et respirant la bonne humeur. Lui pas. Il était sur le balcon avec un joint et il la regardait avec mépris alors qu'elle lui demandait, inquiète, si tout allait bien. Depuis qu'ils se connaissaient, leur histoire n'avait été que moments intenses: de leur première fois ensemble dans un lit à leur première dispute, leur premier diner, leur premier cinéma, leur premier cri, pleur... En l'espace de deux mois, leur histoire avait été si intense que s'en était chaque jour plus difficile. Il n'y avait aucun doute, ils s'aimaient, mais ils n'arrivaient apparemment qu'à se faire du mal. Ils n'avaient jamais officiellement décidé d'être ensemble, leur rencontre hasardeuse avait été électrique, si électrique qu'ils avaient été poussés l'un vers l'autre comme des aimants. Elle avait un fort caractère, elle savait ce qu'elle voulait et elle n'hésitait pas à lui dire. Lui de son côté était fier, provocateur, il aimait la mettre hors d'elle mais elle savait également comment le faire flancher. C'était ainsi qu'ils vivaient mais elle avait dépassé les bornes. « Ecoute, je pense que tu devrais dégager et ne plus jamais revenir. Oublie moi. Vraiment. J'en ai marre. » lui avait il dit. Elle haussa les sourcils, feignant l'incompréhension. Etait-il réellement au courant ? Et si c'était le cas.. Lui en voulait il vraiment pour ce qu'elle avait fait ? « Wes attend... » commença-t-elle à articuler. Elle n'eut pas le temps de dire plus, il balança le mégot fini par la fenêtre et, soudainement en colère, commença à crier « DEGAGE J'T'AI DIT ! » elle reculait, effrayée, surprise, et il l'attrapait par le poignet pour la pousser vers la porte. Elle tentait de s'arrêter, de le repousser « Attend, attend... Wes ! Ecoute moi.. J'suis désolée. » se défendait-elle, en vain. Il secouait la tête, peu décidé à l'écouter « T'es qu'une p*te. » La dispute éclata, elle s'énerva aussi, l'insulta, lui trouva des reproches. Si elle était allée voir ailleurs c'était de sa faute à lui, après tout, ils n'étaient absolument pas ensemble officiellement. Elle prétendait qu'il voyait d'autres filles de son côté et que par conséquent elle pouvait faire de même, il la poussait, elle revenait, ils s'échangèrent quelques coups. Si elle le frappait il n'avait aucun scrupule à lui rendre les coups qu'elle lui donnait et elle était si en colère qu'elle déchargeait toute sa haine sur lui avant de fondre en larmes. Lorsqu'elle fut calmée, il lui demanda à nouveau, calmement, de quitter l'appartement. Elle secouait la tête, le visage pleins de larmes, les bras engourdis par la lutte, les jambes trop faibles pour se lever. Il soupirait et quittait la pièce pour s'allumer une cigarette. Elle quitta l'appartement cinq minutes plus tard, il la regarda tituber dans la rue secouée par les sanglots du haut du balcon, les lèvres pincées, le regard dur. Elle lui manquait déjà.