[i]« Simon.
Tu trouveras dans l'enveloppe sur le frigo les papiers du divorce. Je pensais te les donner il y a quelques semaines déjà, mais je n’ai jamais trouvé la formule appropriée. Celle ci est loin d'être la meilleure, et elle est bien moins appropriée que bien d'autres que j'avais envisagées mais tout est arrivé très vite, et je ne me voyais aps t'envoyer un simple texto « les papiers t'attendent dans la cuisine. Bye, Harry. » Mais maintenant que j'y pense, je n'en suis pas très loin … Je suis la première de nous deux à le dire ouvertement : c'est terminé, pour de bon cette fois. Plus de magie, les papillons se sont barrés, et je ne crois plus depuis longtemps à une possibilité de retour en arrière. Je ne te blâme pas pour cela, je suis aussi fautive dans cette histoire, et ne crois pas que j'ai signé ces fichus papiers de gaîté de cœur, bien au contraire, tu pourras aisément deviner pourquoi l'encre à fait des tâches à certains endroits... »

Je lâchais mon stylo un instant pour essayer de minimiser les dégâts de mon mascara sur mes joues. C'était peine perdue, mais cela me permit de réfléchir à ce qui allait suivre dans cette lettre. Je me mis à penser que c'était certainement une lettre d'adieu et je me trouvai soudainement froide et cruelle. Nous étions peut être loin de nous entendre depuis des mois, mais tout n'avait pas toujours été mauvais, au contraire, c'est pour cette raison que je n'avais pas hésité une seul instant lorsqu'il m'avait fait sa demande deux ans plus tôt. Pas de grande robe blanche, pas de déjeuné à 200 personnes, non, une petite cérémonie avec nos témoins, un après midi de janvier. Le pas avait été facile à franchir, nous étions déjà h24 ensemble, le mariage ne ferait qu'officialiser les choses, c'était un symbole, le grand saut vers l'éternité ensemble … Ou du moins, c'était supposé l'être. Depuis des mois, nous cohabitions simplement. Ce n'est pas faute d'avoir chacun essayé de faire des efforts, mais rien n'a semblé s'améliorer. Il m'exaspérait, rentrait tard, travaillait énormément et nous avons fini par ne plus nous voir. Parfois je trouvais un bouquet de roses sur la table en rentrant de l'école. Nous passions une excellente soirée, donnant pour quelques heures l'illusion que tout allait bien, mais dés le lendemain nous étions redevenus des étrangers.

« On ne s 'écoute plus vraiment depuis quelques temps, mais tu te souviens peut être que ej t'avais parlé de ce concours auquel j'avais participé pour gagner un voyage ? Et bien je viens e recevoir mon billet et j'i décidé de partir au plus vite. A quoi bon s'acharner alors qu'on sait tout les deux qu'on sera mieux l'un sans l'autre ? J'ai récupéré mes affaires, je te laisse la voiture, la maison, tout, je ne veux pas qu'on se déchire comme tous ces couples de dingues. C'est terminé, mais pas besoin de se haïr pour autant … Tu resteras sans doute à jamais le meilleur ami que j'ai eu, je t'ai aimé, je t'aime, mais plus comme avant.
J'aurais voulu parler de tant d'autres choses encore, mais mon avion est sur le point de décoller et je ne peux m'attarder.

Profite de ta nouvelle vie,
Je t'aime
Harry, Harriet, »

Je relu le tout et me trouvais affreusement cliché, niaise. Ce n'est absolument pas de cette façon que je voulais terminer ce mariage. Tout semblait triste, débordant de larmes et de malheur, alors que je ne rirais sans doute jamais plus comme j'ai ris pendant notre première année ensemble. Nous avions le même humour décadent et une passion démesurée commune pour les sorties en night club. J'aimais me moquer de sa façon de cuisiner autant qu'il aimait se foutre de moi quand je passais l'aspirateur. Et puis on s'est lassés. On a commencé à sortir chacun de notre côté, à travailler tard et à ne plus se voir. J'ai fais des heures supplémentaire au bureau simplement pour ne pas avoir à supporter ce silence toute une soirée, et ça a plutôt bien fonctionné. Et j'avais toujours la solution de partir en week-end à Londres dans l'appartement de mes parents, presque m principale résidence ces dernières semaines.
Dans l'avion qui me sépare de mon nouveau pays d’accueil, je pense à ce qui m'y attend. Déjà, appareil autour du cou, je ne peux m'empêcher de mitrailler de photos tout ce que je vois. Je veux poser mes pieds en Australie, toucher ce petit bout de Paradis, laisser tomber mon mariage, profiter de Darwin, m'amuser, rencontrer, vivre.